Cinquante ans depuis le retour du Dhamma en Inde

L'année 2019 marque le 50e anniversaire depuis que notre défunt professeur, Satya Narayan Goenka (1924-2013), a ramené la méditation Vipassana dans son pays d’origine, l’Inde.

Bien que d’origine indienne, S.N. Goenka est né et a grandi en Birmanie (Myanmar). Alors qu’il vivait en Birmanie, il est entré en contact avec Sayagyi U Ba Khin qui lui a enseigné la technique de Vipassana en 1955. Après avoir étudié avec son professeur pendant quatorze ans, Goenkaji retourna en Inde en 1969 et commença à y enseigner Vipassana.

Comme l’explique Goenkaji dans ses discours du cours Vipassana de 10 jours, l’idée initiale était d’enseigner le Dhamma à ses proches. Pourtant, alors qu’il ne connaissait que quelques personnes parmi les millions d’Indiens, de plus en plus de gens souhaitèrent suivre un cours. Dès lors, Goenkaji a reporté son retour au Myanmar indéfiniment et il a sillonné l’Inde pendant des années, guidant cours après cours.

La première année, Goenkaji enseigna uniquement en hindi, hésitant à enseigner en anglais, car il n’était pas certain que son « anglais d’homme d’affaires » convenait à l’enseignement du Dhamma. Mais au bout d’un an, il a commencé à guider les cours en anglais également. À cette époque, de nombreux occidentaux venaient en Inde chercher une approche spirituelle de la vie, et certains devinrent des méditants Vipassana très dévoués. En 1974, lorsqu’un terrain fut acheté pour créer le premier centre Vipassana à Igatpuri, des étudiants occidentaux commencèrent immédiatement à méditer sur le site et à y construire le futur centre Dhamma Giri.

Lorsque les méditants occidentaux quittèrent l’Inde pour rentrer chez eux, la demande pour les cours commença à affluer des quatre coins du monde. Nous, en Amérique, ressentons une profonde gratitude envers Goenkaji.

Il est difficile d’imaginer l’ampleur du travail accompli par Goenkaji grâce auquel nous avons pu entrer en contact avec le Dhamma. Pendant de nombreuses années, Goenkaji a guidé les cours, psalmodiant les chants le matin, prononçant lui-même toutes les instructions et les discours, donnant les entrevues à midi et répondant aux questions le soir.

Goenkaji et Mataji (son épouse) en 2002, assis devant la caravane de la Tournée "Méditation maintenant", diffusant le Dhamma en Occident.

Il s’est rendu dans de nombreux pays, notamment en Europe, en Amérique du Nord, au Japon, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Népal et au Sri Lanka.

En tant qu’enseignant de Vipassana, Goenkaji a donné plus de 300 cours !

En 1981, Goenkaji entreprit de nommer des assistants-professeurs et leur confia la responsabilité de guider les cours en son nom. Au début, l’objectif était de former ces assistants à donner les instructions et les discours de vive voix, mais cela a changé par la suite pour être remplacé par des enregistrements de Goenkaji. On utilisa les bandes audio des discours, des chants du matin et des instructions de méditation enregistrés au début des années 1970. En 1979, les premiers enregistrements vidéo ont été réalisés et ce travail s’est poursuivi jusqu’en 1982. L’enseignement complet, du premier au dernier jour d’un cours, fut alors entièrement enregistré, et le travail de traduction dans la plupart des langues d’Europe et d’Asie commença.

Aujourd’hui, les nombreuses semences répandues par Goenkaji ont porté fuit. Il y a actuellement 196 centres de méditation Vipassana à travers le monde, et des cours ont lieu dans 138 sites hors centres supplémentaires. Qui aurait imaginé que l’enseignement de Vipassana se répandrait aussi largement ? Probablement personne – à l’exception de Sayagyi U Ba Khin…

D'après un texte de Pariyatti, Mars 2019

Extrait de Le fleuve du Dhamma coule de nouveau
De notre professeur de méditation Vipassana, S.N. Goenka

Sayagyi U Ba Khin, mon vénéré professeur, était convaincu que 2500 ans après le mahaparinibbana du Bouddha (la fin de l’existence physique des êtres éveillés), le deuxième Bouddha-sasana (cycle d’enseignement) recommencerait dans son pays d’origine, puis se répandrait dans le monde entier pour le plus grand bienfait de l’humanité. Avec la pratique de Vipassana, le Dhamma fleurirait de nouveau. Pendant des millénaires, l’Inde a perdu Vipassana. Mais cette pratique fut préservée dans sa forme originelle au Myanmar (Birmanie). Peu avant la fin de cette période de 2500 ans, le sixième concile historique s’est tenu de 1954 à 1956 à Yangon (Rangoon). C’est durant cette période – du 1er au 11septembre 1955 – que je suis entré en contact avec le Dhamma. J’ai médité mon premier cours de Vipassana. Après m’avoir été d’une aide inestimable pendant quatorze ans, Vipassana est retourné en Inde le 22 juin 1969, avec les bénédictions de mon professeur. Un intervalle d’environ 2000 ans s’était écoulé. Malgré mes doutes quant à ma capacité de mener à bien cette tâche, le Dhamma commença à s’enraciner en Inde.

Je ne suis qu’un intermédiaire. Le Dhamma fait son propre travail. « L’horloge de Vipassana a sonné », répétait souvent Sayagyi. « À l’heure actuelle, beaucoup de gens dotés d’un grand nombre de paramitas (perfections) sont nés en Inde et ailleurs dans le monde. Le tic-tac de l’horloge de Vipassana les attirera vers le Dhamma ». Et c’est ce qui est arrivé. D’innombrables personnes de divers pays, religions et croyances commencèrent à participer à des cours. Des leaders de différentes religions firent de même. Tous ont considéré que cette technique leur convenait ; aucun d’entre eux n’a eu le sentiment qu’elle leur était étrangère.